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L'origine du shinrin-yoku


















Une pratique japonaise


Le shinrin-yoku vient du Japon. En effet, le pays couvert à 67% de forêt invite à la contempler régulièrement, même si l’île demeure très peuplée.


Les Japonais ont deux religions officielles étroitement liées à la nature : le shintoïsme et le bouddhisme. Pour les bouddhistes zen, les textes sacrés sont écrits dans le paysage. Dans le shintoïsme, les esprits ne sont pas séparés de la nature, mais en font totalement partie. Ils sont dans les arbres, les rochers, la brise, les ruisseaux, les cascades. Ces esprits sont appelés « kamis ».


Il existe même une tradition qui interdit de couper les arbres dans lesquels vivent les « kodama », des divinités de la nature qui vivent dans des arbres. La connaissance de ces arbres se transmet de génération en génération. Alors, attention ! Si vous abattez un arbre dans lequel vit un kodama, vous serez maudit. Les kodama les plus célèbres sont ceux du film d’animation la Princesse Mononoké, réalisé par Hayao Miyasaki, en 1997, lequel raconte la lutte épique entre l’humanité et la nature.



Ecriture japonaise du shinrin-yoku.

Les deux premiers idéogrammes représentent la forêt et le troisième le bain.


En japonais "shinrin" signifie forêt et "yoku" bain. Le shinrin-yoku c’est donc se baigner dans l’atmosphère de la forêt ou s’imprégner de la forêt à l’aide de ses sens. Il ne s’agit pas de faire de l’exercice, de la randonnée, ou du jogging mais d’être simplement au contact de la nature, en connexion avec elle par l’intermédiaire de nos cinq sens.


Le terme a été inventé en 1982 par le ministre de l’Agriculture, de la Sylviculture et de la Pêche, Tomohide Akiyama, qui a déclaré que le peuple japonais avait besoin de retrouver le bien-être grâce à la nature. Le concept a également fait partie d’une campagne de protection des forêts.

En effet, on l’humain a tendance à ne protéger que ce qu’il aime et donc que ce qu’il connait.



Une connexion de la nature grâce à nos sens


Selon le Dr Qing Li, « L’art des bains de forêt consiste à se connecter à la nature par l’intermédiaire de nos sens. »
















Ainsi, lors d’une balade sensorielle, vous pourrez solliciter vos sens :


L’ouïe : le silence de la nature est considéré comme l’une des ressources de la planète les plus en danger. Le Congrès américain a même émis un ordre de protection le concernant. Des études ont montré à de multiples reprises que nous préférons les sons de la nature aux bruits de la ville, que les premiers diminuent le stress et que nous nous sentons détendus lorsque nous entendons un chant d’oiseau ou de l’eau qui coule.

Venez donc écouter le son des oiseaux, de l’eau, des insectes, du vent dans les feuilles…


La vue : de nos cinq sens, la vue est le plus fort. Des études ont démontré qu’il existe un lien entre les couleurs et nos émotions. Ainsi, les bleus et verts de la nature sont les couleurs les plus reposantes. Elles nous rendent moins anxieux et diminuent notre stress. A contrario, les gris d’un décor urbain nous rendent plus tristes et plus agressifs.

Venez donc voir les nuances de couleurs, de forme, de perception de plans…


L’odorat : de tous nos sens, l’odorat est le plus primitif. Aucun des quatre autres ne produit un effet aussi direct sur notre esprit et notre corps. A savoir ! Les conifères à feuilles persistantes dégagent une forte odeur de citron. Il ne faut donc pas s’étonner si je vous dis que les aiguilles de pin peuvent renfermer cinq fois plus de vitamine C qu’un citron et huit fois plus qu’une orange !

Troquez donc votre presse agrume contre une sortie en nature afin de sentir l’odeur des feuilles mortes, de la terre, des écorces, de l’herbe après un orage… et des conifères !


Le toucher : notre société touche le fond… concernant le sens du toucher ! En effet, aujourd’hui nous utilisons beaucoup d’outils qui nous coupent de ce sens : les ordinateurs, les robots pour la cuisine, la mécanisation… Tous cela nous empêche de toucher la matière première : le bois, le sol, les aliments que l’on cuisine… Même nos pieds sont enveloppés dans des chaussures fermées ! Ainsi, marcher pieds-nus nous permet de sentir le contact avec le sol mais aussi de recevoir les électrons de la terre. En effet, le sol possède naturellement une charge électrique. Lorsque je change une ampoule, par exemple, je dois veiller à ce que le dispositif électrique soit connecté à la terre. On parle de mise à la terre. Concernant les humains, le fait d’avoir les deux pieds en contact avec le sol crée un circuit et permet donc aux électrons de circuler. Il existe même des tapis branchés à la terre que vous pouvez installer sous votre chaise de bureau !

Venez toucher l’herbe, le sol, les écorces, les pierres, les feuilles, votre propre peau…


Le goût : pour se connecter à la forêt, vous pouvez aussi la manger ou la boire ! Au Japon, des restaurants dans les sites de sylvothérapie proposent des repas de la forêt. Ils sont à base d’ingrédients qui poussent sur place, les « sansai » qui signifie les légumes de la montagne.


Voici une liste de huit sansai japonais, dans le cas où vous avez l’intention de vous rendre dans le Pacifique :

- Le yabu-kanzo, une sorte de lis de jour que vous pouvez voir au début du printemps. Vous pouvez l’utilisez pour faire une soupe ou des tempura. Frit, il a le goût de l’oignon.

- Le fuki (pétasite) est une plante amère qui s’accommode de nombreuses manières. C’est un peu comme de la rhubarbe, avec des tiges souples et épaisses. Vous pouvez la cuisiner avec du miso et du riz.

- La mitsuba est très prisée au printemps. Avec son goût similaire au persil, elle est utilisée dans les salades et les soupes.

- Le zenmai (fougère royale japonaise) est riche en potassium et vitamines A et C. Elle est généralement frite et servie en garniture avec du sésame sauvage.

- La warabi est une fougère qui pousse en forêt. Vous pouvez manger les tiges et faire de la purée avec les racines, préparation japonaise pour le warabimochi, délicieux pudding mou estival.

- L’azami est un sansai très prisé l’été. Il peut être mangé avec de la soupe de miso ou macéré dans du vinaigre comme condiment.

- L’itadori, renouée du Japon, est très courante. Les pousses apparaissent à la fin de l’hiver et sont utilisées dans de nombreux plats.

- Le katakuri est un lis sauvage. Vous pouvez manger le bulbe et les racines. Il est employé dans de nombreux plats traditionnels japonais, des soupes au tempura.


Montagne de Dormillouse et bourgeons de hêtre.


Photo prise à Montclar dans les Alpes-de-Haute-Provence.


Ici, pas de sansai, mais vous pourrez tout de même goûter l’eau de source, la sève des arbres, les fruits des bois…








Proposition d’exercice pratique du Dr Qing Li, médecin immunologiste au Département d’hygiène et de santé publique à l’université de médecine de Tokyo, et membre fondateur de la société japonaise de sylvothérapie :


« Tenez-vous debout dehors, pieds-nus et centrez toute votre attention sur la plante de vos pieds et les sensations éprouvées. Ayez les pieds parallèles et écartés de la largeur de vos épaules. Conservez le menton rentré et le dos droit. Laissez vos bras pendre, relâchés, sur les côtes. En restant bien droit, laissez toute la tension de votre poids s’enfoncer dans vos pieds. Imaginez des racines partir de vos plantes de pieds et s’enfoncer dans le sol. »


A essayer seul.e ou bien lors d’une balade sensorielle !



Rédaction : Clara Delagneau


Sources :

"Shinrin-Yoku, L'art et la science du bain de forêt" du Dr Qing Li, notamment pour la liste des sansai ainsi que l'origine du shinrin-yoku

Pixabay pour les photos




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